Lecture & discussion entre Sally Bonn et Marco Godinho
Lecture & discussion entre Sally Bonn et Marco Godinho autour des « lettre-océan » et de l’exposition A permanent Wind Inside Us
Le jeudi 9 novembre à partir de 19h30
Et présentation de l’édition commune réalisée spécialement qui regroupe une série de « lettre-océan » envoyées par Sally Bonn à Marco Godinho à la galerie et une collection d’objets trouvés par l’artiste dans ses déambulations parisiennes le temps de l’exposition.
Marco Godinho
A Permanent Wind Inside Us/Un vent permanent à l’intérieur de nous
Progress Gallery – 12.10 – 10.11 – 2017
Les marges du monde et l’expérience des seuils
J’emprunte les deux parties de ce titre au poème écrit par l’artiste Marco Godinho pour cette exposition. Ce poème qui l’ouvre. Il est important de partir de ses mots, de ceux qui nourrissent son travail. Ils sont une adresse à l’autre, à tous les autres ; ils viennent se former pour fixer le mouvement incessant des éléments du monde. L’agencement de ses mots forme un cycle, la partition invisible des jours et des semaines.
Tout est écrit sur du vent, de l’eau, du feu. En eux.
Et nous pouvons passer notre existence à tenter de capter ces mots transportés, insaisissables et magnifiques. À travers eux, à donner forme et consistance au réel. À l’éprouver, enfin. C’est-à-dire à s’inscrire dans la distance entre les mots et les choses, à y faire son endroit, sa place, et ainsi parcourir incessamment le chemin entre les uns et les autres.
Partir et revenir.
L’artiste est un explorateur polyglotte qui parcourt le monde et ses marges pour faire l’expérience des seuils, là où quelque chose bascule : le sommet d’un volcan encore en activité, ses crêtes, la neige et le froid, la solitude, la mer, le vent et le silence, les déplacements, l’exil, les traces laissées derrière soi…
Par la marche, il observe et scrute le paysage, la nature, ce que nous laisse l’aujourd’hui pour vivre et sentir encore. L’expérience ici est première, pour nous faire éprouver qu’il y a de l’extérieur (encore) et de l’intériorité. Mais il n’y a pas appropriation pour autant, sinon par les mots et les images, les gestes aussi, qui saisissent au vol la prégnance du monde.
Le vent, la terre, le feu, l’eau sont notre mémoire enfouie et glissante, fuyante.
Marco Godinho s’en empare à même ses mains et son regard, ses pieds et son corps, ses mots. C’est une poétique des éléments à l’œuvre, fixés momentanément dans le flux du temps.
Nous cherchons à capter les mots qui nous échappent, à les inscrire en nous.
Là, se dessinent des paysages du secret enseveli.
À voir ses films, ses cahiers, ses cartes postales, à lire ses mots je me déplace.
Me prend l’envie des correspondances, de répondre aux mots adressés. Marco Godinho m’y invite. Ainsi les lettres suivront, de jour en jour tout au long de l’exposition. Elles constitueront un hypothétique livre à venir fait de ces lettre-océan, la trace d’un dialogue noué entre les mots et les images. Où l’on apprendra le feu et le récit, la flamme et la cendre, à construire un feu ; où l’on suivra la vie errante et le passage des heures ; où l’on passera des frontières ; où l’on accompagnera les chiens dans le paysage et, par ricochets et fragments, on déploiera une constellation, celle du travail de Marco Godinho qui éclaire dans la nuit noire.